Pierre Crestey

Le milieu du XVIIeme siècle est marqué par une transformation profonde du bas clergé dont les protestants dénonçaient l'ignorance et les moeurs.

Un des principaux instigateurs de cette réforme en Normandie est Jean Eudes, l'aîné de la famille Mézeray, né à Ri à 3 lieues de Trun. Il fut fondateur des séminaires de Caen et de Lisieux pour l'instruction des futurs prêtres.


Jean Eudes

Le plus populaire en France, le plus connu de ces apôtres pour la rénovation du clergé est Saint Vincent de Paul, Monsieur Vincent, mais le bourg de Trun apporta à l'oeuvre de Saint Vincent, un concours précieux en la personne de Pierre Crestey (ou Cretet), dont il convient de résumer la vie et les oeuvres.

Pierre Crestey naquit à Trun le 17 novembre 1622, fils de Jean Crestey et de Robine Boscher, demeurant dans l'actuelle rue Beghin.

Sa famille très pieuse, voulut faire de son aîné un homme de robe: procureur ou avocat. Elle l'envoya étudier le droit et la procédure chez un avocat à Sées. Après deux ans de stage, Pierre Crestey renonça, dégoûté "de voir des avocats démonter autant d'argent aux pauvres qu'aux riches". Il partit à Caen étudier la philosophie et la théologie chez les Jésuites. Sous-diacre, diacre, il était fait prêtre à Rouen en 1649 par Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, ami de Saint François de Sales.

Revenu à Trun, vicaire de Claude Bonnet, il trouva le bourg en proie au libertinage et au calvinisme. Chargé de l'hôpital, il y fonde une école de filles, remet un peu d'ordre à la Maison-Dieu "dont le revenu était assez considérable et chacun en profitait au préjudice des pauvres qui y demeuraient".

A Trun , il fait la classe aux enfants, établit la confrérie du Rosaire, et charge son frère François de s'occuper de l' hôpital.

En 1654, Pierre Crestey va à Paris sur les conseils de Jean Eudes avec lequel il est en relation. Il consulte Olier, Bourdoise et Vincent, fait une retraite à la Maison de Saint-Lazare.

Pierre Crestey était à peine revenu à Trun qu'il fut demandé par Guillaume des Hayes, seigneur et Patron du Mesnil Imbert pour succéder au curé qui venait de mourir après avoir mené une vie assez dissipée. Après hésitations, Pierre Crestey accepta en 1662.

Au Mesnil Imbert, il rassembla 2 vicaires, 4 régents et fonda un collège, sorte de séminaire où les élèves vont affluer; les gens du voisinage les prennent en pension chez eux.

Pierre Crestey est un disciple de Monsieur Vincent; comme lui, il pense à l'instruction des futurs prêtres, et aux pauvres. La misère de Vimoutiers étonna le curé du Mesnil Imbert. Il y acheta une modeste maison pour les pauvres, en 1676, il fit venir deux soeurs hospitalières de Sées, et construisit un hôpital à Vimoutiers: 50 lits.

La renommée de Pierre Crestey dépassait les limites du diocèse. On lui envoyait des élèves de partout au Mesnil Imbert, il fut prié de donner des règles de vie au couvent des religieuses de Bernay d'accord avec l'abbé du Val Richer.

Pierre Crestey était depuis 18 ans au Mesnil Imbert quand Madame de Ducey lui offrit la cure de Barenton conseillée par Monseigneur de Froullay de Tessé, évêque d'Avranches. Son directeur de conscience, Monsieur de la Vigne, curé de Saint Pierre de Caen, le pressa d'accepter. Après beaucoup d'hésitions, regretté de tout le monde au pays d'Auge, Pierre Crestey quitta le Mesnil Imbert, confia la surveillance de l'hôpital de Vimoutiers à son frère François alors curé de Trun.

Barenton était une grosse paroisse. Pierre Crestey s'y dépensa sans compter. Fondation d'une école de filles, fondation d'un collège, confréries, mission et prédication dans le diocèse. Démuni d'argent, mais "comptant sur les trésors de la Providence", il fonda un hôpital à Barenton. L'évêque d'Avranches était alors Daniel Huet, l'érudit, le latiniste, membre de l'Académie Française, ancien condisciple de Pierre Crestey à Caen; en 1692, il aide Crestey pour l'hôpital, lui donne de l'argent, intervient auprès du Duc d'Orléans frère de Louis XIV pour obtenir des lettres patentes. L'hôpital fut bâti, deux religieuses de Vimoutiers s'y installent, on y construisit une chapelle, etc.

La renommée de bonté, de charité de Pierre Crestey s'étendit en Normandie. De partout on lui demandait des conseils, des règles de vie, des directions spirituelles, Supérieur des Bénédictines de Vire, des Carmélites de Pont-Audemer, il les visite deux fois par an, prêche des retraites, aide à fonder l'hôpital de Bernay, etc. Il a la réputation d'un saint et on le compare à Saint Vincent de Paul.

Pierre Crestey est mort à Barenton le 23 février 1703. Il avait demandé à être enterré dans le cimetière des pauvres à l'hôpital. Les habitants le voulaient dans leur église. Pierre Crestey fut enterré au bas du grand autel de l'église de Barenton. A la fin du XIXe siècle l'église de Barenton a été démolie et le tombeau de Pierre Crestey a disparu. Mais dans l'église actuelle, une plaque et un vitrail rappellent les oeuvres de cet émule de Saint Vincent de Paul et de Jean Eudes, et à la chapelle de Montéglise, lieu de pèlerinage, on trouve un vitrail à l'effigie de ce saint homme.

A Trun, rien ne rappelle aujourd'hui le souvenir de celui qui fut le plus grand de ses enfants par sa foi et son savoir, par son humilité et son désintéressement, par son apostolat, par ses œuvres pour les pauvres et les malheureux.

Son frère François fut curé de Trun, succédant à Guillaume Bonnet devenu Doyen d'Exmes et curé de Chauffour. François Crestey continuera l'oeuvre de son frère à l'hôpital de Vimoutiers.

Monsieur Vincent à Paris et Pierre Crestey dans notre région avaient l'un et l'autre travaillé à l'instruction du clergé et à la création d' Hôpitaux. On sait que Saint Vincent de Paul s'intéressa  aux enfants abandonnés et fonda les Soeurs de la Charité. Les évêques furent invités à se préoccuper des miséreux. L'évêque de Sées autorisa la Maison-Dieu à recevoir deux Soeurs de la Charité pour soigner les pauvres enfermés; une femme fut engagée pour soigner les enfants abandonnés à l'hospice.

Cet accroissement du nombre des hospitalisés et du personnel entraîna des aménagements. Les sordides masures ne pouvaient suffire et l'on commença en 1660 la construction d'un bâtiment en façade sur les jardins. On l'appela  "le Grand Logis".

Quant à la chapelle de l'hôpital "que l'on croit dédiée à la Sainte Vierge", c'est bien une chapelle de pauvres. Le sol est en terre battue, et il n'y a un plafond en planches que dans la partie au-dessus de l'autel.

R. Bonnet de la Tour

 

Une rue de Vimoutiers porte le nom de l'abbé Crestey: rue Crestey

Abbé Crestey (autre site)

Quelques trunois célèbres:

Jacques-François-Louis GOT membre du conseil des Cinq Cents
Le Conseil des Cinq Cents était une assemblée législative française qui, avec le
Conseil des Anciens, fut instituée par la Constitution de l'an III, adoptée par la Convention thermidorienne en août 1795 et mise en vigueur le 23 septembre 1795. Après le coup d'État du 18 Brumaire qui mit fin au Directoire, le Conseil des Cinq Cents fut dissous par Bonaparte
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BUAT (le Comte Pierre, Louis, Georges du) Classe des Sciences (section de Géométrie) de l'Institut de France sous Louis XV


ACOPARD ou ACOPHARD, mathématicien né à Trun s'occupa d'astronomie et publia à Rouen en 1552  un recueil de pronostications