Les Gallo-Romains

Après la conquête des Gaules, les Romains y implantèrent leur civilisation. Les luttes intestines de Rome en 65, ne furent pas utilisées par les Gaulois pour recouvrer leur indépendance.
En 70 de notre ère, une assemblée des trois Gaules eut lieu à Reims. Le christianisme commençait, lentement, à s'établir en Gaule. En 177, mort de St Pothin, évêque de Lyon. Certains Gaulois s'étaient bien intégrés à la vie romaine, comme un de nos voisins, Titus Sennius Solemnis, fils de Solemninus, qui fut duumvir à quatre reprises, grand prêtre de Rome et d'Auguste à l'autel de Lyon lors de l' assemblée des Gaules, le 1er août 219. Ce personnage était administrateur des mines de fer pour l'état romain et possédait une immense fortune.

Dans les terres argileuses de la région, le fer s'est conservé en nodules de limonites dans l'oxfordien et il fut utilisé dans la métallurgie de ce temps là. Il en est resté des quantités de scories qui servirent de minerai aux fonderies locales des XVIIIe et XIXe siècles. Les Anciens ne connaissaient pas la fonte qui ne fut utilisé que vers 1500.

A Lyon, Solemnis assura la charge pécuniaire de huit combats de gladiateurs quatre jours de suite. Une statue fut érigée en son honneur le 17 des calendes de janvier, soit le 16 décembre 238 à Vieux, à 15km au S.O de Caen, cité administrative des Viducasses qui est connue sous le nom de Aracennuae. Un marbre retrouvé à Vieux, au XVIe Siècle, dit "le marbre de Thorigny" est à St Lô. Son texte fut reconstitué malgré les dégâts  du bombardement de 1944. De là viennent toutes ces précisions.

La fin de la paix romaine était proche. En 241, les Francs forment une entente dite Ligue Franque et en 253 c'est la première invasion germanique. Il y eut des dégâts qui ruinèrent la Gaule. En 269 le sac d'Autun et en 275 c'est la plus terrible de toutes les invasions. C'est à l'une de celles-ci que l'on attribue la destruction de la ville brûlée de Fontaine les Bassets dont on ignore le nom exact. En 277, un César, pour consoler les Gaulois, autorise la plantation de vignobles en Gaule. Les "oppida" celtiques et préceltiques furent alors réadaptées pour protéger les populations de la région des invasions.

Les Gallo-romains transférèrent ce qui était leur administration en un lieu plus facile à défendre Exmes. L'ancienne capitale des esuviens. Les commerçants se groupèrent au centre de la vallée et des routes, sur le site de Trun, près du menhir et à proximité du gué de la Dives. Le fort sur le carte de Cassini (ANT FORD) lieudit " Les ponts Chalots" maintenant.

Au IVe siècle, un impôt vinicole tempère la culture de la vigne, c'est le temps de la conversion de Constantin. Ausone le Bordelais et St Martin, nous donnent quelques détails sur la vie à la fin de ce quatrième siècle et Apollinaire pour le siècle suivant. Les Francs se sont implantés en Gaule comme troupes auxiliaires en échange de terre. 150 ans plus tard, ils lutteront avec les Romains contre Attila en 453.

On reconnaît dans les noms de communes, de lieux, de hameaux beaucoup de mots d'origine germanique;  Champosoult, Aubry-en-Exmes, Le Panthou, St Lambert, St Léger, St Thibault, Champaubert, Villebadin, Osmont, Mesnil-Hubert, Camembert, Le Vigan, Gréber... qui sont tous situés autour, à peu de distance d' Exmes et indiquent une forte implantation franque.

Les populations utilisant encore le Gaulois, la base indo-européenne commune aux Francs et aux Gallo-romains de se comprendre. Presque tous les mots ayant trait à l'armée sont germaniques. Il est possible que de nombreux Gallo-romains aient adopté des noms francs, dont ils connaissaient la signification, plutôt que certains mots latins qui ne seront utilisés que plus tard sous l'influence de l'église.

L'ensemble de ce mélange linguistique a contribué à l'amalgame de toutes ces populations dans la création de la pré féodalité.

Charles Malsoute Avril 1981

Trunois d'autrefois

Chaque cité ou petit bourg, canton ou doyenneté, avait ses caractéristiques propres, par les matériaux de construction: calcaires dans les terrains du Jurassique; granités dans les parties avoisinant ou faisant partie du massif armoricain; briques et bois charpenté dans certaines régions du jurassique . De tout ceci, il se dégage un ensemble de particularismes marquant l'aspect de chaque région ou bourgade. De plus, le commerce ou l'artisanat local, tissage, exploitation de carrières, genres et méthodes de culture, zones herbagères, emblavements donnaient un aperçu de la richesse visible ou supposée des habitants.

Les Trunois qui dépendaient de l'Abbaye de Caen, ne faisait pas l'ensemble de leur commerce sous le contrôle des abbés commanditaires. Ils ne mettaient pas tous leurs oeufs dans le même panier. Ils avaient des intérêts dans d'autres branches, le commerce du fer en particulier. Après la révolution, le travail du fer se développa de plus en plus: armement de l'époque napoléonienne, plus tard la construction des lignes de chemin de fer, etc... Certaines familles possédèrent alors des fortunes leur permettant de bâtir une usine de tissage, murs et machines.

La bourgeoisie trunoise, enrichie par le commerce du fer, utilisa ce dernier comme marque de distinction ou de richesse. Presque toutes ces familles ou groupe d'intérêts, marquaient leurs maisons par des grilles et portails de fer forgé, comme une marque de démonstration de la richesse familiale et de son origine. Beaucoup sont restées et ornent encore les entrées de certaines maisons, route de Vimoutiers, rue Vital Lenormand, rue de l' Abé Dufay. Portails, route d' Argentan, route de Chambois, sans oublier les balcons de la vieille place qui ont presque tous été détruits en 1944... autosatisfaction de la bourgeoisie locale.

 

En ce temps là, l'automobile n'existait pas, les familles riches, ou seulement aisées, avaient chars et carrioles. Les écuries sont devenues des garages. Les moeurs changent, pas les hommes.

Une famille de Trun construisit un parc muré, qui portait le nom de ses propriétaires successifs. Cette famille faisait le commerce de moutons et de bestiaux et l'enclos avait une superficie de 2ha. Une race de moutons, dite Trunoise était connue localement pour s'adapter aux conditions et cultures régionales. Les deux derniers troupeaux, l'un de Louvières, l'autre de Fontaine les Bassets, ont cessé d'exister vers 1930. Ils paissaient sur et dans le canton de Trun et dans des communes du Calvados.

Voici un aperçu de la richesse de la bourgeoisie trunoise et de ses origines au début du XIXe siècle.

Charles Malsoute Novembre 1983

Trun et ses noms de rues

Les noms de rues découlent souvent de l'histoire locale et de personnages souvent oubliés. D'autres sont des noms de propriétaires de logement loués à des artisans: la cour X ou Y...

A Trun, presque toutes les cours qui existaient avant les destructions de 1944 n'existent plus. On pourrait les considérer comme les courrées du Nord et du Pas de Calais.

A Trun pour mémoire, il y avait les cours Vieillot (Rondel sur le plan cadastral de 1828), Longpré, Maillard, Baronne, Bouloi, Baril. Ces noms étaient ceux portés par des propriétaires ou leurs descendants. Il existe encore, rue de l' Eglise, une cour avec des petites habitations. Elle est connue sous le nom de "cour à M..." ici le nom du propriétaire principal.

Sur le plan d'alignement de 1865, on trouve comme nom de rues: rue Agace, Cour Baril, rue Beguin, rue du Champ de foire, rue de Dîmes, rue Dufay, rue de Bourgeauville, rue des Jardins, rue de l' Eglise, rue de la Hardouelle, rue de l'herbier de l'Hôpital rue de Magny, rue du Moulin, rue Laurent Moutier, rue du Petit Pré,  rue du Petit Port, rue Traversière.

Ces dénominations nouvelles sont plus précises que celles du cadastre de 1828. Il s'y ajoute les noms des routes d' Argentan, de Falaise, de Vimoutiers, de Neauphe, de Chambois, du Marais, de la Cambe, ainsi que la sente aux ânes qui reliait le Mesnil et ses arrières au moulin de Drieu. Voici quelques faits pouvant être reliés à l'histoire du bourg avant Napoléon III. Laurent Moutiers était un bourgeois qui sous le règne de Louis XIV, défendit les droits de ses compatriotes et de l' hospice contre les prétentions d'un prêtre qui voulait s'emparer de la gestion de l'hôpital- hospice. Il eut gain de cause. La rue dite de Bourgeauville fut tracée vers 1830 par la famille de Bourgeauville qui créa un lotissement dans leur propriété qui jouxtait la route de Coulonces. Cela fit des terrains à bâtir le long de la route de Coulonces et des jardins sur la longueur qui rejoignait la rue du Petit Pont. Le nom de rue de Bourgeauville ne lui fut accordé que beaucoup plus tard.

Quelques années après, l'abbé Dufay, qui avait acquis la propriété des de Bourgeauville, fit la même chose en créant une voie parallèle à la rue de l' Eglise. Cela permit à presque tous les propriétaires d'avoir un débouché sur la nouvelle voie ainsi créée. Ces terrains utilisés plus tard comme jardins valurent à cette voie le vocable de rue des Petits Jardins avant de pouvoir recevoir son nom réel, celui de son créateur.

Charlotte Corday et ses grands oncles, les Corneille, fréquentèrent la région de Trun et ont tous marqué d'une manière ou d'une autre, la Normandie. Dumont d'Urville, marin , géographe et naturaliste fut un véritable descendant des Vikings. Pasteur a tant fait pour tous les hommes que la rue qui porte son nom est un remerciement posthume. La place Charles de Gaulle est un rappel des faits récents et la rue des Marronniers ex sente des ânes apporte un peu de bucolisme dans cette moderne partie du bourg. Luc Chardall, pseudonyme de Lucien Charles Dallar, a écrit au début du XXe siècle, sous le titre "La Ferme aux Loups" les moeurs bas normandes de l' époque 1830/1840, roman feuilleton qui fut publié par "Les Trois Cantons" journal local du début de siècle. La rue Traversière fut oubliée. Les noms des maires de Trun furent donnés: place Prée, rue du Dr Amourel, Vital Lenormand qui était directeur du pensionnat créé au début du XIXe siècle avait acquis le respect et l' amitié de toute la population. De son école sont partis des élèves qui furent ingénieurs: Chimie, Arts et Métiers, Ponts et Chaussées, sans oublier un professeur de physique du lycée Janson de Sailly à Paris et un ethnologue missionnaire lequel étudia les moeurs des populations africaines et fut chargé de cours à l'Institut Catholique de Paris.

Tous les anciens élèves du pensionnat Lenormand et l'ensemble de la population avaient une réelle déférence pour celui qu'on appelait le père Lenormand; dans la presse locale, c'était la reconnaissance d'une filiation intellectuelle, familière et, pourrait on dire, familiale. La rue Agace, nom de personne? assez fréquent dans la région, ou rue des Bavardes? l'origine est impossible à retrouver ou à expliquer. La rue du Bout Elouvi, où les gens avaient une faim de loup, sans doute, souvenir d'un faubourg affamé? La Grande Rue est devenue la rue de la République. Le chemin de Caen, vieille voie celtique  puis romaine, traverse l'avenue de la Cavée d'Auge qui descendait des collines. Alexandre Lelannier qui était administrateur de biens à Paris, s'est beaucoup intéressé à son pays natal et à son histoire. Il fit placer à ses frais, des plaques de marbre sur le clocher, l'église et l'hospice, un de ses dons fut l'horloge de l' hospice qui incommoda les insomniaques, la sonnerie en fut arrêtée pour protéger le sommeil des anciens; d'après des souvenirs transmis oralement, il fit étudier les archives de l' hospice par un chartiste - cela avant 1914 - Voilà le pourquoi de la rue A. Lelannier. La rue de la Hardouelle, sans doute un des plus anciens nom de rues, est difficile à expliquer. Pour cela on peut recourir au patois local, une douelle est un des cotés du tonneau, soit une planche galbée: ard peut être comparé à un des composants de Coudehard. Coudehard était un lieu planté de noisetiers (coude) qui servaient à faire des liens pour les fagots de bois . Un dicton local dit de quelqu'un qu'il est franc comme un "hard de su" (sureau) quelque chose ou quelqu'un en qui on ne peut avoir confiance.

L'église de Trun, construite en dehors du bourg, était protégée par une palissade qui partait de l' ancien cimetière autour de l' église et regagnait Trun au lieu où est la Poste maintenant, et que doublait un plessis de plantes épineuses.

C'est là l'origine du nom de la Hardouelle

Charles Malsoute Janvier 1982

Souvenir des trunois de jadis

Les peuples, les villes et les populations qui sont dits "heureux" sont ceux qui n'ont pas d'histoires ni de guerres dans leurs éphémérides.
Trun fut dans ce cas là au temps jadis. Passé sous le contrôle ecclésiastique par une donation de Montgomery en faveur de l' abbaye aux Hommes de Caen, Trun resta à l'abri de toutes les querelles franco-anglaises sans trop subir de dommages. Il n'en fut pas de même pour Argentan, Domfront, Le Sap, Vimoutiers, Chambois, etc... sans oublier Mortagne qui changea de propriétaire 20 ou 30 fois en quelques mois... sans parler des bourgs et villes oubliés.
Les Trunois vivaient donc en dehors de ces batailles sans y prendre part. Commercer, vendre, trafiquer les intéressait plus que la politique, mais bien entendu, ils protestaient contre les impôts et contre les seigneurs commanditaires: Richelieu, Mazarin...En tout cas, les Trunois et leurs descendants pourraient revendiquer une part de co-propriétaire de la bibliothèque Mazarine et de ses trésors, ayant bien contribué financièrement à son édification. Les Trunois gardèrent de leur commerce et de certaines époques de prospérité, des habitudes bancaires qui leur permirent, au XIXè siècle, de se lancer dans l'industrialisation qui dura près d'un siècle.

L'ensemble des Trunois vivait bien, ayant la plaine et le pays d' Auge comme zone de ravitaillement, la mer proche, la Manche n'est qu'à 60 kilomètres. Sans oublier les fruits régionaux, le cidre, le calva et en faisant honneur aux vins de Bordeaux et d'Anjou...
C'est peut être pour cela que la soupe à l'oignon fut employée comme antidote contre les excès des festivités alimentaires.

Le médecin de Molière ne disait-il pas: Voilà pourquoi votre fille est muette"... en latin bien sûr et surtout sans explications. Alors ne peut on penser que la soupe à l'oignon est une forme de médecine et de la pharmacopée héritée de ces temps lointains.

Charles Malsoute septembre 1983

Le XVIIIe siècle

De génération en génération, les familles des marchands ont accru leur fortune, acheté des terres, des charges, des offices et ont accédé à la noblesse.

Le Damoisel Sieur des Iles porte d'azur à un dragon, son fils de Bourgeauville a pour écu: dragon vomissant des flammes, Malfiliatre, Sieur de Montreuil a trois merlettes de sable, Alliot sieur du Hamel a d'azur à 3 étoiles d'or, Cornu a un écu avec trois cors de chasse etc...

Cette prolifération des armoiries n'est pas uniquement une affaire de vanité. Un édit royal l'encoutage, impose obligation de faire enregistrer les armoiries et cette déclaration est évidemment l'objet d'un droit au profit de Trésor royal. Curés, abbayes, corporations, etc... auront leurs armes.

Le bourg de Trun a lui même ses armes: "deux léopards d'or sur fond de gueules". (les léopards à coté l'un de l'autre). Elles sont un rappel des armes de Normandie "de gueules à deux léopards d'or lampassés et armés d'azur" (les deux léopards sont l'un au-dessous de l'autre)  * et des armes de l' Abbaye de Saint Etienne dont l'écu comporte d'un coté trois léopards à coté l'un de l'autre et deux demi léopards au train de derrière d'or armé d'azur"

Pour les amateurs d'Art et d' Histoire

Dans l' église de Guéprei, il existe une copie de la Descente de la Croix de Rubens, l'original étant dans la cathédrale d'Anvers en Belgique. L'ensemble et les personnages sont inversés, comme vus par une glace. Pour des besoins d'équilibre avec le rétable du maître-autel, quelques aménagements ont été faits dans la partie haute du tableau afin de l'inclure dans l'ensemble.

Xavier Rousseau en fait mention dans l'article qu'il écrivit et publia dans le Pays d'Argentan de mars 1956, sans y inclure aucune indication sur le peintre et ses élèves qui ont fait cette copie.

Ce que l'on sait, c'est que Greuze (1725-1805), auteur de la "Cruche Cassée", est venu avant la Révolution, travailler au château de Carel, près de St Pierre sur Dives, pour en terminer la décoration avec ses élèves. Les propriétaires du château de Carel se trouvaient en relation avec les Caulaincourt de Guéprei qui avaient ce domaine depuis 1677. Tous faisaient partie de la noblesse dite de cour. L'un des garçons, parmi les vingt enfants de la famille Caulaincourt, fut compagnon de Napoléon à l' Ecole de Brienne et devint Grand Veneur de l'Empire.

Une tradition orale, plus ou moins bien conservée, dit que ce sont les élèves de Greuze qui auraient fait cette copie sous la surveillance du maître. Tout cela reste encore à vérifier dans la mesure où cela peut se concevoir. Pendant la Révolution cette peinture ne fut pas détériorée. Aujourd'hui l' humidité en compromet la conservation.

En 1789, des sans-culottes de Trun et des vassaux de M. de Caulaincourt firent une visite au château. Ils reprochaient à celui-ci certains droits et faits. Très prolifique, il eut une vingtaine d'enfants légitimes sans compter les autres, nés de son droit de cuissage, ou de jambage auquel il tenait beaucoup. Toujours est-il qu'il y eut, parait-il, et en forme de représailles, des personnes bousculées, honorées ou déshonorées selon la façon dont on conçoit les choses. La cave ne fut pas oubliée lors de cette visite; les sans-culottes firent comme s'ils étaient chez eux et emportèrent des souvenirs de cette expédition qui se trouvent encore dans certaines familles sans même que les héritiers en connaissent l'origine exacte. Il ne faut pas oublier que les livres d'histoire moderne donnent la région Argentan Trun Falaise comme un des lieux où commença ce que les historiens appellent la Grande Peur. La famille Caulaincourt outrée, on le serait à moins, vendit le domaine à la Restauration et se fixa ailleurs. Le numéro de mars 1966 du "Pays d'Argentan" relate des condamnations en 1792/93 par le Tribunal de l' Orne; certains inculpés furent défendus par Valaze devant la Convention, ce qui implique qu'il y avait eu des abus.

Une sculpture en bas-relief de 0,50 x 0,40, représentant la Descente de la Croix, fut donnée, il y a quelques années au dernier curé en titre de Gueprei, par un habitant qui en ignorait l'origine et ses propriétaires successifs.

Charles Malsoute, avril 1982

Le déclin des communes forestières du canton de Trun au XIXe siècle

En 1810, sous Napoléon I, le canton avait 12 000 habitants répartis sur 32 communes. En 1962, il restait 22 communes et 6 000 habitants.

Les populations de la Vallée de la Dives à dominance céréalière, se sont mieux maintenues que celles qui vivaient du travail du bois près de la forêt de Gouffern et des bois d'Auge.

Depuis 1810, Ste Eugénie 238 h et Bonmesnil 129 h ont été rattachés à Aubry en Exmes. Tertu 38 h a fusionné avec Villedieu. La Poterie des vignats 100 h s'est incorporée à Gueprei. Tout ceci pour le coté S.O. Vari 188 h au centre de la vallée a fusionné moitié avec Ecorches, moitié avec Trun (Le Mesnil).

Sur le coté N.E. près des bois d' Auge, on trouve les 4 Favrils 109 h et le Fouquerand 161 h qui ont doublé ce qui était St Gervais des Sablons.

A coté Montreuil 255 h a soit absorbé La Cambe 158 h ou fait un mariage de raison. A quelque 2 km, les Ligneries 202 h se sont incorporées à Ecorches et un peu plus loin Coudehard 341 h a absorbé St Léger des Arassis 55 h.

Toutes ces données proviennent du recensement de 1810.

Le pourquoi de ce déclin ? Sous la royauté, les forêts domaniales et seigneurales étaient exploitées selon des directives de Colbert pour l'utilisation des bois, les populations locales en vivaient en y travaillant.

Les arbres dit arrivés, étaient abattus en saison et suivant l'époque de la lune. Sciés au long et débités pour faciliter le transport, bois d'oeuvre, charpente, chevrons, planches, etc...

Certains chênes étaient fendus en lattes pour les couvertures de tuiles. Les écorces de chêne et de bouleau étaient réservées aux tanneries de Trun ou de Falaise. On triait les bois pour la menuiserie, la tonnellerie et la saboterie. Les perches étaient fendues pour faire les cercles à tonneaux. Les gros abats inutilisables étaient mis en stères pour le chauffage ou transformés en charbon de bois. Le menu faisait des fagots ( les bourrées).

Rien n'était perdu et tout ceci était fait par les mêmes compagnons. Tous ces ouvriers avaient ou cultivaient quelques lopins de terre qui fournissaient légumes verts, etc... et contrebalançaient les temps de chômage. Un certain équilibre s'était établi de ce fait.

Pendant la Révolution et sous la Restauration, les ordonnances de Colbert de furent plus ou de moins en moins appliquées. Il en résulta un appauvrissement par une surexploitation des forêts.

La bourgeoisie, qui s'était enrichie fit bâtir de nombreuses habitations, les immeubles de la 1ère moitié du XIXe siècle et du 2nd Empire sont là pour le démontrer. En ces derniers temps, les chemins de fer favorisèrent le transport des matériaux et marchandises venant de l' extérieur. L'extension du machinisme ruina ou mis en chômage les hommes qui ne voulurent pas se déplacer pour travailler.

Il y en eut qui luttèrent. Au Mesnil près de Trun, certains fabriquaient des vans, cela dura le temps du battage au fléau. Les machines à battre les remplacèrent. A Fontaine les Bassets, deux familles faisaient des pompes. Des arbres étaient percés sur toute leur longueur, pistons soupapes de cuir allaient jusqu'à 6 mètres chercher l'eau. Les pompes en fonte avec tuyau de plomb les remplacèrent. Ce sont deux exemples parmi bien d'autres.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets dans toutes les régions.

Charles Malsoute, décembre 1980

Autour de Trun

A l'extérieur du bourg, il faut signaler deux buttes. La butte de la justice près de laquelle s'élève de nos jours une chapelle sur la route de Vimoutiers. Sur cette butte s'élevait la potence. Nous avons trouvé exécution en 1515 d'un certain Jacques de Guerzé (probablement un individu originaire de Jersey ou Guernesey).

La butte Saint Thibault est sur la route de Chambois avant d'arriver à Magny. Il y avait là, une petite chapelle dédiée à Saint Théobald et une maladrerie. C'était l'enclos où habitaient les lépreux. Au Moyen Age la lèpre était tellement répandue  qu'il y avait une maladrerie dans tous les villages importants. Les lépreux venaient mendier, et prévenaient de leur approche en agitant une clochette ou une crécelle. On déposait un quignon de pain et on s'éloignait jusqu'à ce que le lépreux fut parti. La maladrerie disparut au 16eme siècle et tous les lépreux furent rassemblés à Exmes.